samedi 25 février 2012

27 - Les sujets de l'abstraction


Entrer dans l'âge adulte est une naissance. C'est un passage difficile. Beaucoup le refusent parce qu'ils ne veulent affronter ni la souffrance d'être seuls, ni la liberté d'inventer leur propre vie. Jusqu'à ta mort et même au-delà tu devras grandir, grandir encore, devenir toujours plus adulte. Ne jamais prendre racine dans une communauté, dans une foi collective, dans un quelconque confort, voilà la loi du sorcier. Ne l'oublie pas Luis. Si un jour tu te sens protégé, méfie-toi, le risque sera grand que tu retombes en enfance. Regarde l'aigle, et apprends la liberté.

Henri Gougaud, "Les sept plumes de l'aigle", Le Seuil, 1995

C'est à la liberté que je pensais en visitant la magnifique exposition au Musée Fabre à Montpellier "Les sujets de l'abstraction". Le peintre figuratif donne à voir le monde selon un point de vue : le sien. Le peintre abstrait laisse la liberté à chacun, avec ses croyances, sa disponibilité du moment, son inconscient, de voir.
Seuls les êtres libres peuvent offrir la liberté à l'Autre - les autres vivent dans la peur, sœur d'une solitude non choisie, fille de la peur la plus grande de toutes : celle de notre finitude.
Avec cette question : s'il existe une peinture, une sculpture abstraite, existe-il une musique, une architecture abstraite ? J'attends des éclairages, moi je ne sais !

Mon être tout entier hurle en contradiction contre lui-même. L'existence est à coup sûr un choix...
Soren Kierkegaard

4 commentaires:

Anonyme a dit…

oui, je pense que tout peut être librement inspiré au point d'être abstrait, la question qu'il ne faudrait pas se poser c'est comment faire ? Moi je me lance quand même: en laissant s'exprimer le trait au de là du connu et sans crainte puisque de toute façon il restera toujours sous celui_ci le bagage du concepteur. Trouver sa place sa compétence puis s'en libérer..
Samy

Alain Marty a dit…

« L'art n'a pas pour fin de créer des oeuvres que le temps ruine. Mais de réveiller en chacun le génie endormi. » C'est de Nietszche.
J'aime bien l'idée que l'oeuvre réside dans la tête de celui qui se réveille en contemplant un carré blanc dans un cadre blanc, et non pas dans l'acrylique sur toile encadrée qu'il contemple. On peut jeter le tableau à la poubelle, on ne pourra pas gommer ce moment privilégié que l'artiste aura su partager avec le "chacun".

Dans le même ordre d'idée :
« L'information nous appartient mais ne vaut que si elle est partagée » (inconnu).
« Quand le sage montre la Lune, l'imbécile regarde le doigt » (proverbe chinois).

Merci pour ces moments que tu partages avec nous

Bruno Lapostat a dit…

Samy, Alain, je savais que je pouvais compter sur vous pour alimenter la réflexion : merci les amis !

Anonyme a dit…

L'abstraction suppose qu'il n'y a aucune évocation de la réalité observée.Pourtant les traits droits, les couleurs de Kandinsky par ex sont une réalité, seul l'ensemble est une abstraction.Alors une maison, un batiment peuvent ils être une abstraction?donc ne pouvant s'inscrire dans une réalité?Sans doute dans notre imaginaire -) Lorraine

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