dimanche 7 mars 2010

12 - La chapelle Saint Amans

La chapelle Saint Amans se trouve sur la commune de Lunas, mais on y accède plus facilement depuis Vernazoubres. Cheminement agréable sur le plateau, pour arriver à cette modeste chapelle, du 12 ème, une chapelle de bergers... Saint Amans : bien sûr le nom du sud pour nommer Saint Amour, ce qui va bien aux bergers. 

Les constructeurs ont toujours utilisé des tracés de base de leurs constructions, une sorte de charpente, un squelette... Le bâtisseur de la Chapelle de Saint Amans s'est servi d'un tracé harmonique vieux comme la pluie : les rectangles dynamiques. On part d'un carré, figure à peine plus difficile à tracer qu'un cercle, et on rabat sa diagonale (1/√2). Du rectangle obtenu, on rabat la diagonale (1/√3). Puis encore (1/√4), pour obtenir un double carré, un "carré d'argent" disaient les anciens... Un nouveau rabattement et on fait lien avec le rectangle d'or, en ayant un carré de 1/√5.





L'auvent est un ajout sans doute assez tardif (17 ème ? 18 ème ?), mais pour la partie originelle de la chapelle, la plus ancienne, le bâtisseur est parti du carré de base, l'a marqué par les ouvertures latérales, puis a rabattu les diagonales, 2 fois, pour obtenir la longueur de la chapelle. Tout ça sur un module de base d'une longueur aux alentours de 52 cm : sans doute une coudée locale. 52 cm est d'ailleurs la largeur des fenêtres latérales.

La porte d'entrée est elle-même sur une proportion de 1/√4, soit 1/2, la naissance des cintres étant à 1/√2 : tout cela est à la fois très simple et très précis.

La voûte intérieure est celle qui est commune sur le Larzac, pays dépourvu de bois : ici pas de charpente, mais une voûte de pierre, de cette forme particulière, qui évoque, bien sûr, la mandorle.

L'axe de la chapelle est calé pile sur le coucher de soleil au solstice d'été : c'est à cette époque que Soleil éclaire le fond du chœur, le jour pendant lequel il passe au plus haut dans Ciel - la Saint Jean d'été. Le moment où la nuit est la plus courte. Soleil éclaire ainsi la Vierge Marie, symbole de la Terre-Mère, disposée au fond : la forme en voûte de la chapelle évoque bien sûr la mandorle : la Vie. Tout ça le jour de la Saint Jean-Baptiste : l'eau. Le message est clair : Terre, Eau et Soleil donnent Vie... Des 4 éléments il ne manque que l'Air, présent tout autour : nous sommes sur un sommet. Bel endroit pour fêter la Saint Jean d'été !

Petit détail pour les amateurs : les murs ont deux épaisseurs, 52 cm (la Coudée Royale Egyptienne) et 1 mètre - 1 mètre "tout rond", 6 siècle avant l'invention du mètre... Ce mystère fera l'objet d'une prochaine chronique !

Content d'avoir dialogué, au travers des siècles, avec un bâtisseur anonyme, joueur, modeste - pertinent... Un bâtisseur qui a su inscrire dans l'espace et dans le temps ce lieu de culte. La simplicité, c'est comme le noir ou le prénom Marie : ça va avec tout.


http://chroniquesdusensible.blogspot.com/2010/11/13-la-coudee-royale-egyptienne.html

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour vos chroniques bien intéressantes. J'ai visité St Amans récemment et je me permets de vous transmettre ici quelques observations en toute confraternité.Il n'y a pas actuellement de statue de la Vierge, mais de St Amans avec sa crosse épiscopale. Évêque de Lodève avant même Fulcrand, puis de Rodez autour de VIè siècle. J'ai relevé l'orientation (130°) qui correspond en effet sous cette latitude à peu près au lssh et donc à l'opposé (310°) au csse. Cette chapelle a été reconstruite en 1868 vraisemblablement sur les schéma précédent vu l’azimut mesuré. Cependant, je ne retrouve pas tout à fait vos mesures 1/V4 (1/2) ni à l'extérieur ni à l’intérieur, ni en incluant le porche ou pas (3,20m).Il faut inclure le porche pour se rapprocher sensiblement du 1/2. Mesures exter: 6,20/12,30 tout compris, chapelle seulement: 6,20/9,10. A l'intérieur: compte tenu des épaisseurs de mur que vous mentionnez on arrive à 4,20/7,60 qui ne correspond ni à 1/V2 ni à 1/V3. La reconstruction du 19è a respecté l'orientation mais pas vraiment les dimensions. Je n'ai pas vérifié les réseaux qui bien souvent à l'époque romane étaient démultipliés ou déplacés pour venir coïncider avec l'implantation des fondations comme vous le savez.Donc,encore du travail...
Dernier point: il semblerait que Lunas n'ait rien à voir (ou presque)avec la lune, même si c'est tentant...mais selon un érudit local avec une racine celtique Lug art/d (lieu élevé, si on se réfère à l'ancien château féodal) déformé ensuite en Lun ar puis Lun as. Mais aussi Lug divinité de la mythologie celtique, dieu de la création et protecteur des arts.Donc possiblement un lieu élevé où on vénérait Lug.Par ce chemin, nous ne sommes pas loin de la lumière de la lune ou autre astre (Lun en oc = lumière) comme à Lyon (Lugdunum ) où on fête la lumière sur un lieu élevé, bien avant les frères du même nom venus naître là à point nommé. Cordialement.

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