samedi 28 septembre 2013

32 - Les mégalithes de Fontmort

« Jamais le soleil ne voit l’ombre. »
Léonard de Vinci

Aujourd'hui balade pas bien loin de Saint-Germain-de-Calberte, en Lozère, sur le chemin de Stevenson (et de son ânesse). "Fontmort" évoque une source tarie… Mais nous sommes ici en Cévennes, lieu occupé pendant longtemps par le Sarrasin : il se peut que le sens originel ait été "Font Maure". En tout cas l'homme est là depuis longtemps, on y trouve de nombreuses traces d'une occupation depuis le néolithique : dolmens, menhirs, cuvettes, sépultures à coffre…

 Comme à l'habitude, les dolmens et menhirs sont qualifiés de "sépultures" : normal, puisqu'on y a trouvé des corps, nous dit-on… Tout comme des corps ont été disposés dans des chapelles, des églises, des cathédrales. Une chapelle serait-elle une sépulture ?

Ici, bel ensemble de mégalithes destiné à un culte en lien avec Soleil. On retrouve les 3 orientations qui marquent le cycle solaire annuel : le solstice d'hiver, début du cycle, le jour le plus court (21 décembre) ; les équinoxes (20 mars, 22 septembre) ; le solstice d'été, milieu du cycle annuel, le jour le plus long (21 juin).
Le cercle symbolise le Ciel (du fait du mouvement apparent des étoiles), il porte l'énergie de l'Esprit. Les polygones issus du cercle représentent et portent l'énergie de la matière. Le mouvement apparent du Soleil, l'alternance des saisons ont très vite permis aux hommes de différencier les points de lever et coucher, aux Solstices d'hiver et d'été : un quadrilatère formé par ces points est ainsi déterminé et varie en fonction de la latitude du lieu. Ce quadrilatère solsticial est très facile à "tracer" sur un lieu, simplement en plantant des bâtons en terre, ou même en levant des pierres : de nombreux dolmens ont été implantés de cette manière.

Construire sur la base du quadrilatère solsticial, c'est "mettre le lieu dans la Lumière", ou encore "amener l'Esprit dans la matière". Le quadrilatère solsticial inscrit aussi le lieu dans le cycle solaire (temps d'action et de repos, sur un jour, sur un an). Dans le sud de la France, pour une latitude allant de Valence à Perpignan, sa proportion est d'environ 1/1,5.

Le quadrilatère solsticial est aussi le schéma de l'extension spatiale. C'est ce tracé qui est utilisé lors de la cérémonie de consécration d'une église : l'officiant trace de sa crosse les lettres de l’alphabet grec sur une des branches de la croix de cendres, puis les lettres de l’alphabet latin sur l’autre branche. On trouve sur le sol de certaines églises, de certaines chapelles ce même tracé sous forme de chrisme.
C'est ainsi qu'en avançant vers la pointe de cette crête de schiste tournée au sud, on trouve d'abord une porte solsticiale formée de 3 pierres de feldspath dressées (1 encore debout, ou plutôt redressée à en croire le béton à son pied, 2 couchées), puis un coffre orienté aux équinoxes (est/ouest), puis une table à cupules taillée selon les orientations du solstice d'été.


Les cupules sont ces trous taillés à même la pierre (ici du schiste), destinées à recueillir l'eau de pluie, dont on se servait probablement lors du culte, tous les cultes utilisent l'eau contenue dans la pierre, l'eau bénite en un mot : le baptême, le bain rituel… Ici cette pierre à cupule est taillée de part et d'autre selon l'orientation des levers et couchers de Soleil au solstice d'été, et forme comme 2 niches de la taille d'un corps d'adulte… Un rite de soin pratiqué au moment où Soleil est à son apogée, en mariant Soleil et Eau, les 2 éléments nécessaires à la Vie ?

Beau lieu, bel ensemble, qui témoigne de la force de la croyance d'hommes qui étaient portés par suffisamment de foi pour mettre en place des pierres de quelques centaines de kilo… Voire quelques tonnes. Et ce après avoir fait un relevé sur place de la course solaire, probablement sur plusieurs années. Tout ça sur un lieu au tellurisme puissant, comme en témoigne les nombreux arbres aux pousses torturées présents sur le site.

4 commentaires:

ulysse a dit…

Je suis également un passionné de mégalithes Bruno et je vous remercie de la présentation de ce site. La Lozère comporte autant de mégalithes que la Bretagne et notamment sur le site des Bondons (près de fraissinet de Lozère) on en compte plus de 150 Le connaissez vous ?

Bruno Lapostat a dit…

Merci Claude pour cette nouvelle piste, le Cham des Bondons va bientôt faire ma connaissance ! C'est drôle, en consultant une carte, je m'aperçois que ce site mégalithique est situé tout près d'un village du nom de "Runes" - les runes étant un alphabet celte, ça fait sens.
La répartition géographique des dolmens et menhir est assez restreinte sur terre : on en trouve dans le pays de Galles, en Bretagne, dans le Périgord, en pays Basque, en Languedoc… Et c'est à peu près tout, tout au moins lorsque l'on considère les fortes densités, parce que l'on en trouve ailleurs, mais des mégalithes très isolés (Allemagne, Suisse, nord de l'Italie, Portugal…). Certains parlent d'une diffusion druidique de pratiques venant de la haute Égypte, et il est à peu près certain qu'il y a eu de nombreux échanges à cette période entre ces deux côtés de la méditerranée. Un jour j'écrirai sur ce sujet à propos du Pic Saint Loup. La difficulté pour nous étant que les Celtes n'ont pas eu de tradition de l'écrit. Henri Vincenot évoque d'ailleurs ce sujet dans ses deux livres très savants : "Le pape des escargots" et "Les étoiles de Compostelle".

Unknown a dit…

bonjour,
je suis également architecte et débutant géobiologue ..
avez vous visité la cham des bondons ? je projette d'y aller un de ces jours ?
merci de votre réponse
jerome

Bruno Lapostat a dit…

Oui, le Cham des Bondons, oui. Non, je n'ai rien écrit dessus, non. Oui, ça fait un moment déjà que je n'écris plus de Chroniques, oui.

Un peu étonné de recevoir cette demande, tant je croyais ce blog aujourd'hui peu visité...

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